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Juil

L’eau, trésor caché de Castellar…

A Castellar, si les points d’eaux sont nombreux c’est qu’ils ont non seulement fait l’objet de nombreux aménagements par l’homme, mais aussi que la région était un véritable réceptacle d’eau. Pluviales ou souterraines les eaux du Pendimoun ont constitué au fil du temps une abondante richesse.

plan monika définitif

L’unité anticlinale du Grammondo – Roc d’Ormea – cime de la Giraude constitue la bordure occidentale de l’arc de la Roya qui appartient à l’ensemble des chaînes subalpines, méridionales. Cette unité possède sur son flanc ouest une structure parallèle : Pointe de la Pena – Mont Razet de même orientation structurale (NNW-SSE). Cet ensemble est formé de calcaires massifs en bancs réguliers et de masses dolomitiques non structurées qui assurent une grande résistance à l’érosion et expliquent ainsi le fort relief que nous pouvons observer (1379 m pour le Grammondo). Ces terrains calcaires et dolomitiques appartiennent à la période du Jurassique (-200 à -140 Ma) et sont partout entourés par une importante série du Crétacé supérieur (Turonien et Sénonien, -90 à -65 Ma) à dominante marno-calcaire. Ce type de terrain peut être observé, par exemple, peu avant d’atteindre la chapelle Saint-Bernard (Turonien à bancs calcaro-marneux). Ce type de roche, riche en argiles, constitue un bon support pour la rétention des eaux pluviales et on pourra remarquer le nombre important de sources localisées dans ces niveaux du Crétacé supérieur (combe de Ciambaïro et combe de la Condamine).

Une autre zone de sources est située au cœur de la structure anticlinale du Grammondo, là où les terrains argilo-gypseux du Trias (-210 Ma) affleurent, associés à des amoncellements de blocs de cargneules jaunes (roches dolomitiques vacuolaires). Une large surface se développe à l’amont des ruines du Vieux Castellar jusqu’à la Morga, où il est possible de reconnaître les argiles grises du Keuper (Trias supérieur). Les sources et les barmes (petites galeries de recherche d’eau) sont nombreuses et ont toutes fait l’objet d’aménagement (canalisation, bassin, captage, etc.). Dans ce secteur où l’eau abonde, le paysage est entièrement façonné par l’homme.

Au pied du Roc de l’Ormea au lieu-dit « Pendimoun », se situe l’un des plus anciens sites néolithiques de la région. Depuis cette époque reculée des premiers paysans, les hommes se sont peu à peu installés, ont aménagés les versants en construisant des restanques pour retenir les sols des cultures et surtout ont « domestiqué » les points d’eau et les sources en essayant de préserver au mieux cette ressource indispensable à la vie.

P. SIMON, Directeur du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco.

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